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Est-il temps pour une nouvelle construction sociétale ?

Un blog pour lancer le dialogue sur la société post-pandémie

Une formidable opportunité de réfléchir à la société post-pandémie(Photo d'Arie Wubben/unsplash)

Le Swiss Society Blog est né de la prise de conscience de l’influence extraordinaire que pourrait avoir la crise liée au COVID-19 sur notre société. Il est lancé lors de la première étape du dé-confinement fin avril 2020, car il nous semble essentiel qu’un dialogue s’instaure sur les questions sociétales, dès aujourd’hui en Suisse, alors que toute crise s’inscrit comme accélérateur de changements.

La crise sanitaire induite par le COVID-19 fait place à une crise économique sans précédent au niveau mondial, elle secoue notre système politique, elle aura des implications au niveau de la société dans son ensemble mais aussi sur nos libertés individuelles. Ce contexte exceptionnel nous interpelle et nous inquiète, tant il compte d’incertitudes. Notre vie sera-t-elle affectée, vivrons-nous un après qui n’aura plus rien de connu ? Les principes de base du contrat social, que nous connaissons comme équilibre d’interactions entre le politique, l’économie et la société civile, vont sans aucun doute évoluer. L’Etat va-t-il se tourner vers un pilotage de l’activité économique, va-t-il prendre la gouvernance de plateformes digitales? Vers quel type d’Etat allons-nous nous orienter ? La crise économique va-t-elle influer sur des modes de consommation plus locale et plus écologique, et sur une façon de travailler plus digitale et plus flexible ? Allons-nous donner la priorité à l’égalité de chances dans un avenir toujours plus incertain ? Un revenu de base inconditionnel sera-t-il à nouveau mis sur la table des négociations ?

A quoi ressemblera l’après-crise ?

Personne ne sait vraiment à quoi ressemblera l’après-crise, les avis d’experts sont tranchés.  Ce qui est certain, c’est qu’une fenêtre d’opportunité extraordinaire s’ouvre à nous, en tant que société, pour réfléchir à notre futur. Saisissons l’urgence d’entamer la réflexion sur ce que la crise a mis en lumière !

Reconnaissance de professions essentielles

Comme par exemple, la mobilisation extraordinaire de professions essentielles au bon fonctionnement du système. Force est de constater que celles-ci-mêmes sont en temps normaux, invisibles : personnel médical et toutes les professions sans lesquelles le monde hospitalier ne peut pas fonctionner, personnel de soins aux personnes âgées ou en situation de handicap, accueil de la petite enfance, mais aussi les livreurs, les employés des supermarchés, les travailleurs agricoles ou les éboueurs. Nous n’adressons guère d’intérêt à ces professions mal payées, aux conditions de travail difficiles et bien souvent entre les mains de femmes ou de personnes étrangères. Il est temps de leur attribuer la reconnaissance sociale et salariale que toute profession primordiale se doit de recevoir, et d’investir dans leurs structures. Concrètement, si les crèches décrochent un appui étatique dans les prochaines semaines pour faire face à une situation financière critique, il faudra surtout les considérer comme acteurs essentiels à notre économie sur le long terme. Donc oui, les soutenir pour faire face aux difficultés actuelles, mais surtout et aussi agir au niveau du système, afin que la conciliation de la vie professionnelle et de la famille puisse être assurée, tout en garantissant l’égalité de chances à chaque enfant.

Le rôle de la culture renforcé

Ou encore, reconnaissons que la crise renforce le rôle unificateur de la culture dans notre société, un domaine coupé de son public et mise à mal en raison de financements insuffisants. En outre, certaines de ses branches devront se réinventer en raison de l'insécurité sanitaire qui pourrait s'inscrire dans nos vies. Réexaminons les modèles de financement du monde de la culture, car celle-là joue un rôle important dans la formation d'une société critique et elle est cruciale pour la cohésion de notre société multiculturelle.

Une juste équilibre

Enfin, les innombrables actions de solidarité et de créativité que la crise suscite, nous montrent que le vivre-ensemble nous est indispensable. Qu’il fait de nous individus, une collectivité responsable, un acteur sociétal. Qu’ensemble, nous formons une société qui accepte une mise en équilibre entre le cadre étatique et la liberté individuelle - une des questions d’ailleurs centrale à toute une démocratie.

«Ce qui est certain, c’est qu’une fenêtre d’opportunité extraordinaire s’ouvre à nous, en tant que société, pour réfléchir à notre futur.»

Le Swiss Society Lab, think tank sur les questions sociétales en Suisse, crée en début d’année par un hasard de calendrier, met à disposition, avec ce blog, une plateforme de réflexions pour observer, réfléchir et agir sur les possibilités de changements et d’évolution sociétale. Nous le savons toutes et tous, les crises sont porteuses d’évolutions. Vos réflexions et vos idées nourriront notre travail, et influeront sur les études, les discussions et les propositions de solutions politiques qui verront le jour dans les mois et années à venir.

Merci et prenez-soin de vous !

Muriel Langenberger, en français

Muriel Langenberger

Muriel Langenberger

Fondatrice du think tank Swiss Society Lab, elle fut membre de la direction de la Fondation Jacobs jusqu'à fin 2019. Avant 2013, elle a dirigé le secteur Politique de l’enfance et de la jeunesse à la Confédération. Les douze années précédentes, elle a travaillé à la fondation de Terre des hommes, au Moyen-Orient et en Asie, avant de développer les programmes en Suisse. En 1995, elle a obtenu un Master en Relations internationales à l’Institut de hautes études internationales et du développement à Genève.

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